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Une vie tranquille, tout ce que je voulais c’était une vie tranquille. Faut voir le résultat. Un sac de nœuds et ma tête mise à prix. Tout ça à cause d’une femme. Un minable sac d’os, dégueulasse et tordu. Je lui ferais volontiers la peau si j’arrivais à mettre la main dessus. Elle avait dû en sucer des bites avant la mienne, mais ça je pouvais pas le deviner. Elle s’appelait Suzie, du moins c’est comme ça qu’elle s’était présentée quand je l’ai rencontrée. A vrai dire, je ne l’ai pas tout à fait rencontrée. C’est elle qui m’a abordé dans un bar. Un vendredi soir. Vous voyez le genre. Style, enfin le week-end! Je sirotais un margharita à la paille. Elle s’est assise à côté de moi et m’a demandé ce que je buvais. Je croyais qu’elle se foutait de moi. S’est avéré que non. Je me demandais d’où elle venait, et je l’ai invitée à s’asseoir. Elle était bien roulée, et elle le savait. J’étais un peu surpris qu’elle choisisse un type comme moi pour boire un verre. Je ne suis pas particulièrement beau gosse. Un verre, puis plusieurs…

Mon boulot n’est pas du genre à m’amener à ramasser des filles en des lieux publics, à moins que ce soient des cadavres, ou des putes égarées incapables de marcher droit entre deux shoots. Pas le haut du pavé, plutôt le caniveau.

Mais Suzy avait une paire de cannes que j’ai suivies jusqu’à son appartement pour un dernier verre. Pas trop mon genre, mais je commençais à ne plus trop avoir les idées claires. En plus, elle était rigolote. Allez bon, j’avais rien à craindre avec mon pétard dans son étui pour me protéger, pensais-je avec un sourire en coin. Faut toujours se protéger, surtout avec les jolies filles. Il paraît que c’est d’elles qu’il faut se méfier. Et la méfiance, c’est plutôt mon boulot.

On a bu plus d’un verre chez elle. Un petit appartement avec vue sur le parking. Le salon était en désordre, des fringues partout, même sur les murs. Un appart de nana. Par contre, le bar c’était une autre histoire. Avec plusieurs de mes poisons préférés. Suzy s’y connaissait en alcool, ou alors elle connaissait un expert. La conversation fut banale, mais elle me fit rire, et fit semblant d’apprécier mes vannes pourries sur son appart. Un vrai cauchemar pour la police scientifique. Des traces de doigts partout, et sans tarder sur mon corps. Sympa.

Ses ongles longs firent des marques sur ma peau, et nous nous embrassâmes. Sa bouche avait un goût de bourbon et de réglisse. On continua de s’embrasser et de se caresser tout en se déshabillant, et en trébuchant sur les meubles et les objets épars jusqu’à la chambre. On aurait dit un film. Elle me poussa sur le lit, et s’attaqua à mon pantalon à la vitesse d’un ouragan de Floride. Elle était quasiment nue, et son corps mince semblait très pâle, pas comme ces filles qui font de la bronzette à longueur d’année, bonnes clientes pour un cancer de la peau.

L’alcool commençait à me monter à la tête, et après la deuxième fois, je commençais à me sentir un peu fatigué. J’essayais de me ressaisir, et de me préparer à une troisième manche. Mes vêtements étaient étalés par terre, mon holster au milieu. Elle avait réussi à trouver mes menottes, et les agita devant moi avec un air cochon. Je dois reconnaître que ça m’excita, et je l’ai laissée m’attacher une main au bois de lit. Comme on peut l’imaginer, elle me poussa jusqu’à épuisement, et je finis par m’endormir

Lorsque je me suis réveillé, ma tête était aussi douloureuse que mes parties génitales, et mon bras gauche endolori depuis le poignet. J’étais toujours menotté au lit. J’étais là, couché, nu, et mes vêtements avaient disparu. Suzy aussi. Ça ne vous étonne peut-être pas, mais en ce qui me concerne, je ne m’attendais pas à ça. Je ne pensais pas avoir grand-chose à perdre. Pour mon arme c’est une autre histoire. Qu’allait-il se passer si quelqu’un l’utilisait? Et si je ne la retrouvait pas rapidement? Comment pourrais-je exliquer ça?

Fallait d’abord sortir du lit. D’un coup de pied violent, j’ai réussi à casser le bois de lit, récoltant des échardes au passage. Sous une pile de vêtements, je finis par trouver un téléphone en état de marche. Je n’étais plus complètement à poil. J’ai appelé Harry. Il n’était pas en service. Il ne sembla pas surpris de m’entendre. C’est vrai que je l’appelle à chaque fois que j’ai besoin d’un  service. Et cette fois-ci, j’avais besoin d’un énorme coup de main..

En réalité, Harry avait essayé de m’appeler sur mon portable, sans succès. Un chef de gang latino avait été descendu avec un flingue de la police. Le problème était que le numéro de série correspondait à celui de mon arme. Pour couronner le tout, il se trouve qu’on avait serré le gars deux fois auparavant, Harry et moi. Si la scientifique confirmait que l’arme m’appartenait, j’étais dans une merde si noire qu’il faudrait un miracle pour m’en sortir, sans compter que l’enquête pouvait très bien signifier la fin de ma carrière.

Le gangster latino avait été flingué de trois balles dans une ruelle, et l’arme abandonnée à côté du cadavre. Ses copains n’avaient rien vu. Ils devaient penser que c’était un coup des flics. Voilà maintenant qu’Harry m’annonçait que le gang voulait la peau d’un flic, et ce flic c’était moi.

J’ai demandé à Harry de venir me chercher avec des fringues à ma taille. Je lui ai passé les détails, juste dit que j’étais dans la merde.

Lorsque j’ai reposé le combiné, j’ai senti une douleur étrange dans le cou. J’y ai porté la main, et senti comme une sorte de trou. Pas de sang. J’ai tiré les rideaux, et la lumière du jour m’aveugla. Ce n’était que le commencement…

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