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Je n’ai jamais raconté ceci à personne. Pourtant ce souvenir me poursuit comme un des plus grands moments embarrassants de mon adolescence. Je devais avoir quinze ans ou presque. Comme tout garçon de cet âge, j’étais travaillé par une curiosité sexuelle sans bornes. A cette époque, ni Internet, ni télévision pour laisser entrevoir, voir, exposer, le corps féminin. A l’école, les petits qui n’avaient pas de sœurs discutaient âprement pour savoir si la fente était horizontale ou verticale. Les ados s’excitaient en cachette sur les pages lingerie des catalogues de vente par correspondance, ou les publicités pour sous-vêtements des magazines féminins.
Elle s’appelait Pascale, n’était pas très jolie, mais avait un regard noir mutin qui invitait à s’approcher d’elle. Sa sœur en revanche était franchement laide, plus âgée, elle avait le permis et conduisait la voiture des parents. Elle servait aussi de chaperon à sa sœur, du moins c’est ce qui se faisait dans cette petite bourgeoisie de province. En ce qui nous concernait, mon frère cadet et moi, nous allions à vélo. Plusieurs kilomètres par jour. Pas de cadenas à cette époque. Il nous arrivait de les laisser dans un fossé, contre une haie, on les retrouvait toujours.
Nous avions eu un soir la permission de minuit, pour aller à une soirée dansante dans une salle de patronage. Nous étions à l’école publique, mais bon en Anjou, il y avait davantage d’établissements privés, catholiques, mais bon, nous n’étions pas sectaires, et les occasions de s’amuser étaient rares.
Nous avions dansé, transpiré, bu des jus de fruits à bulle. A l’époque il y avait des slows. Je ne sais plus qui avait fait le premier pas, mais je me souviens d’avoir serré Pascale contre moi, puis de l’avoir embrassée. Maladroitement. J’avais le cœur qui battait à cent à l’heure, et les mains moites. Quand la soirée commença à se déliter, quand des parents inquiets vinrent rechercher leur progéniture, certains jeunes comme nous allèrent se promener sur les bords de Loire. J’avais réussi à être seul avec Pascale, enfin, nous avions mis une distance entre nous et les autres. Elle m’entraîna en courant sous le pont qui enjambait le fleuve vers l’île. Avant que j’ai eu le temps de penser à la situation, elle avait baissé mon pantalon et sorti mon sexe de mon slip. Je sentais monter vers moi une odeur acre d’ado mal lavé, et ne sus trop comment réagir lorsqu’elle me pris en bouche et me fit ma première fellation. Cela ne dût pas être long, l’extase fut brève. Les autres nous retrouvèrent, ou plutôt nous sommes sortis de notre cachette, main dans la main, comme si rien ne s’était passé.
Le groupe de jeunes continua à se promener un moment, et j’entraînai Pascale dans les grandes herbes qui poussaient un peu partout sur la plage, enfin des touffes d’herbes hautes séparant de grandes bandes sableuses. Une seule chose m’obsédait : son sexe. Elle avait retiré sa culotte et une touffe brune poilue dissimulait ce que j’espérais voir. Je bandais. Je me mis sur elle, mais ne trouvai pas l’entrée magique. Je dus renoncer très vite, car la sœur chaperonne qui nous avait repérés du haut de la levée, hurlait le prénom de sa sœur. Pas moyen de se cacher, ni de faire les morts. Nous remontâmes tout habillés et un peu honteux. Enfin moi. Un silence gêné nous reconduisit vers nos domiciles respectifs.
Je ne l’ai jamais revue, mais ai souvent pensé à ce déniaisement maladroit. Parfois avec in peu de nostalgie, souvent avec regret.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Loire. J’ai épuisé plusieurs mariages, et vis désormais seul.
Récemment je conduisais mon frère chez un viticulteur, et en passant devant la maison bourgeoise –un étage, vous pensez— où les deux sœurs avaient vécu, j’entendis mon frère dire à haute voix qu’une petite cochonne habitait là et qu’il ne s’était pas privé. Je souris, intérieurement, amer.
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bernard loubert